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Résidant depuis cinq ans à Chouzy-sur-Cisse, commune déléguée de Valloire-sur-Cisse, le quadragénaire Olivier Vernet est sculpteur ornemaniste sur pierre.

Son activité de restauration consiste à remplacer ou insérer, dans les règles de l’art, un ouvrage décoratif en pierre sur un bâti existant. À la différence du tailleur de pierre, il intervient sur la décoration d’un monument historique, et non sur sa structure, en reproduisant par exemple des frises ou des chimères gothiques sur une cathédrale, des trophées sur un château ou des coquilles sur des cheminées.

Installé dans l’ancienne école catholique pour filles construite en 1830, il précise lorsque l’on pénètre dans l’atelier : « Vous comprenez maintenant pourquoi j’ai appelé ma société Poussière de Pierre. » Effectivement, l’atelier est recouvert d’une fine couche de poussière témoin du travail de la pierre.

À trente ans, ce Bourguignon d’origine a abandonné son métier de commercial pour se reconvertir dans la taille de la pierre. Après une formation à l’Afpa de Blois, il s’est installé dans la région et s’est spécialisé, en 2015, dans la sculpture ornemaniste. Depuis 10 ans, il côtoie les sommets en intervenant sur des monuments prestigieux tels que la chapelle royale de Versailles, Le Louvre, les châteaux de Chambord et Villers-Cotterêts, la collégiale Notre-Dame de Vitry-le-François, la cathédrale d’Orléans…

« Le modelage fait vraiment partie de notre métier, on ne fait pas que travailler la pierre »

En entrant dans l’atelier, on découvre toutes les facettes du métier et les compétences requises. Outre la sculpture, l’artiste doit maîtriser différentes techniques telles que le dessin, le modelage, mais aussi avoir la connaissance des styles des différentes périodes. Ainsi, lorsqu’il n’y a pas de vestiges, donc de modèle, il doit, après un travail de recherche, en dessiner un qu’il présente à l’architecte des monuments historiques, puis réaliser un modelage d’une très grande précision en plâtre ou en argile avant de se lancer dans sa sculpture. « Ce qui est génial, c’est d’avoir le vestige, on le met à côté de nous, on le regarde et on sculpte, l’œil est un outil formidable… Le tailleur de pierre me laisse un cube dans le monument, ce que l’on appelle une réservation, j’interviens directement dessus. Nos métiers sont complémentaires. »

« C’est très émouvant de travailler sur des édifices anciens »

Olivier Vernet a le « nez » sur les sculptures, il en perçoit tous les détails, la finesse du travail réalisé et ressent toujours une émotion et un respect en restaurant ces vestiges. « À Vitry-le-François, sur un chapiteau, le sculpteur avait marqué 1629 dans un endroit qui ne se voyait pas. » Les monuments les plus anciens sur lesquels il a travaillé, remontent au 11e siècle.

« C’est la période la plus difficile à travailler, il y avait des métiers, une qualité de travail perdus depuis, avec des détails si minimes que seul le sculpteur les voit. Ça fait peur et on se demande si on va arriver à le refaire, c’est impressionnant car ce ne sont que des anonymes qui ont sculpté les pierres. Nous, on restitue, on n’interprète pas. »

En sortant de l’atelier, nous ressentons également une certaine émotion au vu des vestiges présents et repartons en emportant… de la poussière de pierre sur nos vêtements.